Par Sonia Lupien, Ph.D. directrice du Centre d’études sur le stress humain et éditrice associée du Mammouth Magazine | Automne 2016
Cela fait maintenant 6 mois que vous êtes en conflit avec Michelle au travail.
Dès que vous la croisez à la machine à café, votre cœur s’emballe, vous respirez plus rapidement et vos muscles se tendent. Au fil du temps, vous avez développé des problèmes de digestion, et vous perdez de plus en plus souvent patience avec vos collèges et vos enfants à la maison. Vous avez un mammouth dans votre vie! Et si vous ne le chassez pas, ce mammouth vous aura à l’usure. Les maux de ventre et les colères spontanées augmenteront au fil du temps. Il faut agir. Mais que faire ?
Tel que discuté dans les autres numéros du Mammouth Magazine, lorsque notre cerveau détecte une menace, il active la réponse physiologique de stress qui mène à la production d’hormones de stress. Ces hormones agissent d’abord sur notre corps pour nous permettre de mobiliser l’énergie nécessaire pour combattre la menace. Par la suite, ces dernières agissent sur notre cerveau pour nous aider à nous souvenir de cette menace dans le futur. C’est ce qui fait que nos ancêtres ont survécu aux mammouths! Toutefois, lorsque cette réponse devient chronique, ces mêmes hormones de stress ont des effets délétères sur notre santé physique et mentale.

L’inverse du stress n’est pas la relaxation
Les recherches scientifiques ont montré qu’il y existe 4 caractéristiques d’une situation qui mènent à une production élevée d’hormones de stress. Ces 4 caractéristiques sont additives, c’est-à-dire qu’une situation ne doit pas nécessairement comporter les 4 caractéristiques pour induire une réponse de stress. Ainsi, pour qu’une réponse de stress soit générée par votre corps, vous devez avoir l’impression que vous n’avez pas le contrôle sur cette situation Contrôle faible). Cette situation doit être imprévisible (Imprévisibilité) et/ou nouvelle (Nouveauté) et votre égo (personnalité) doit se sentir menacé (Égo menacé). Pour vous permettre de vous rappeler de cette « recette du stress », nous avons développé l’acronyme « le stress, c’est du CINÉ! ». À chaque fois que vous faites face à une situation qui comporte l’une ou plusieurs de ces caractéristiques, vous produisez une réponse physiologique de stress.

Comment fait-on pour « déstresser » ? Dans la science du stress, « déstresser » veut dire « diminuer les concentrations d’hormones de stress ». À ce jour, différentes méthodes ont démontré leur capacité à diminuer les hormones de stress et ce numéro spécial du Mammouth Magazine vous en présente quelques-unes. L’une de ces méthodes est intellectuelle, c’est-à-dire qu’elle exige que vous travailliez un peu sur le mammouth pour pouvoir le tuer. Ainsi, on peut diminuer une réponse de stress en découpant une situation stressante en CINÉ. Une situation vous stresse ? Demandez-vous d’abord pourquoi. Est-ce parce qu’elle est nouvelle, imprévisible, menaçante pour notre égo ou avez-vous l’impression de ne pas avoir le contrôle sur la situation. Une fois que vous avez « déconstruit » la situation en son CINÉ, vous pouvez alors la reconstruire. Vous vous demanderez alors : « Comment puis-je faire pour que cette situation soit moins imprévisible, menaçante pour mon égo, etc. » En agissant ainsi, vous augmentez votre sens de contrôle, ce qui envoie le message au cerveau qu’il peut cesser de produire des concentrations élevées d’hormones de stress.
Un exemple : Un mammouth au travail
Une personne vous stresse au travail et vous ne cessez d’en parler à votre conjoint à chaque jour de la semaine. Le soir venu, à la seule pensée de cette personne, vous ne trouvez pas le sommeil. Voici votre mammouth. Maintenant, déconstruisons-le. Pourquoi est-ce que cette personne vous stresse tant ? Est-elle nouvelle ? Non. Est-elle imprévisible ? Non. Menace-t-elle votre égo ? Oui. Vous donne-t-elle l’impression de ne pas avoir le contrôle sur la situation ?
L’inverse du stress, c’est la résilience. La résilience est la capacité d’avoir un plan B, un plan C, un plan D etc., pour faire face à la situation qui nous stresse.
Oui. Vous venez de déconstruire ce stress. Vous savez maintenant que cette personne vous stresse car elle menace votre égo et vous donne le sentiment de ne pas avoir le contrôle sur la situation. Vous venez de découvrir l’origine de votre stresseur. Parce qu’elle menace votre égo et vous donne l’impression de ne pas avoir le contrôle sur la situation, cette personne est détectée par votre cerveau comme étant une menace, et vous produisez des hormones de stress à chaque fois que vous entrez en interaction avec elle. C’est bien beau tout cela, mais on fait quoi après ? On reconstruit le stresseur.
L’inverse du stress n’est pas la relaxation. Ce n’est pas parce que vous allez dans un spa ce weekend que cette personne ne sera pas à la machine à café lundi matin, vous attendant de pied ferme pour vous menacer l’égo! L’inverse du stress, c’est la résilience. La résilience est la capacité d’avoir un plan B, un plan C, un plan D etc., pour faire face à la situation qui nous stresse.
Oui. Vous venez de déconstruire ce stress. Vous savez maintenant que cette personne vous stresse car elle menace votre égo et vous donne le sentiment de ne pas avoir le contrôle sur la situation. Vous venez de découvrir l’origine de votre stresseur. Parce qu’elle menace votre égo et vous donne l’impression de ne pas avoir le contrôle sur la situation, cette personne est détectée par votre cerveau comme étant une menace, et vous produisez des hormones de stress à chaque fois que vous entrez en interaction avec elle. C’est bien beau tout cela, mais on fait quoi après ?
On reconstruit le stresseur. L’inverse du stress n’est pas la relaxation. Ce n’est pas parce que vous allez dans un spa ce weekend que cette personne ne sera pas à la machine à café lundi matin, vous attendant de pied ferme pour vous menacer l’égo! L’inverse du stress, c’est la résilience. La résilience est la capacité d’avoir un plan B, un plan C, un plan D etc., pour faire face à la situation qui nous stresse.
Ainsi, cette personne nous stresse car elle menace notre égo et elle nous enlève l’impression d’avoir le contrôle sur la situation. Très bien. Que puis-je faire pour qu’elle soit moins menaçante pour mon égo ? Plan B : Je la congédie. Mmh. Pas une très bonne idée, car je n’ai personne pour la remplacer. Plan C : Je la rencontre pour discuter de notre conflit et tenter de le régler. Mmh. Ça pourrait fonctionner mais ce n’est pas certain. Plan D : Je l’évite et je ne vais plus prendre mon café le mardi matin. Plan E : Je m’associe avec d’autres membres du groupe et je ne passe plus de temps avec elle. Plan F, plan G, plan H… Que puis-je faire pour avoir l’impression d’avoir plus de contrôle sur la situation ? Plan B : Je prends la promotion qu’on m’offre et je deviens sa patronne. Mmh, intéressant mais ai-je d’autres plans ? Et on continue ainsi jusqu’à ce qu’on ait l’impression d’avoir le contrôle sur cette situation.
Sachez une chose! 85 % des gens ne mettront jamais en action leur plan B, C, D etc. Toutefois, le seul fait de ramener à l’esprit ces plans de rechange devant le stresseur fait en sorte que le cerveau ne détecte plus cette situation (ou personne) comme étant une menace et il produit alors moins d’hormones de stress. Et c’est exactement ce que l’on veut si on veut cesser de souffrir de stress!
Alors la chasse aux mammouths est ouverte… Amusez-vous bien!